Les glaciers occupent aujourd'hui environ 15 millions de km². Il y a 20.000 ans, il en occupaient 60 millions. Toutes les Alpes étaient alors recouvertes de glace et les glaciers descendaient jusqu'à Lyon avec des épaisseurs atteignant parfois le kilomètre (500 m en moyenne). Les traces de ces passages sont bien visibles dans la vallée de la Durance (rochers striés, moutonnés, blocs erratiques...).

Comment se forment les glaciers ? Avancent-ils ou reculent-ils ? Sont-ils dangereux ?... autant de questions auxquelles les enfants se devaient de répondre en menant sur place les investigations nécessaires.

Hier, nous sommes allés au Glacier Blanc, dans le parc national des Écrins, avec Jean-Paul Blanc (accompagnateur en montagne) pour étudier un glacier de près.


Le Glacier Blanc depuis le sommet des Agneaux Noirs.

Au delà de 3000 m d'altitude, la neige ne fond pas entièrement. Elle s'accumule (bassin d'accumulation) et se transforme en névés. Ces derniers se transformeront à leur tour en glace avec de moins en moins d'air, plus ou moins rapidement (entre 1 et 15 ans). La glace prend successivement une couleur blanche, puis bleue et enfin grise (glace noire).


Barre des Écrins au petit matin avec la rimaye bien visible ainsi que les barres de sérac.

Le glacier descend dans la vallée, à cause de son poids, comme une coulée de miel. La vitesse est actuellement de 50m/an pour le Glacier Blanc, certains autres glaciers avancent de 200 à 300 m/an. Quand il y a des accidents (creux ou bosses) de terrain, des crevasses se forment. Ces dernières peuvent être très profondes et sont craintes par les alpinistes, surtout quand elles sont masquées par un pont de neige. On distingue plusieurs types de crevasses : les crevasses transversales (dans l'axe du glacier), les crevasses longitudinales (perpendiculaires à la pente) et les crevasses marginales (au bord du glacier). La crevasse la plus élevée s'appelle la rimaye, son franchissement pose parfois problème aux montagnards.

Quand il avance, le glacier façonne les rochers à cause du poids de la glace. Il laisse des traces et polit les rochers (rochers moutonnés). Le glacier forme aussi des bourrelets appelées moraines (frontales et latérales).

Dès qu'un rocher tombe sur le glacier il est transporté par celui-ci et restera à sa place si le glacier fond. Ces blocs qui semblent alors venus de nulle part s'appellent des blocs erratiques.

Rayures causées par le glacier

Le Glacier Blanc fait 5 km de long avec une épaisseur maximale de 200 m.

Comme tous les autres glaciers, le Glacier Blanc recule à cause du réchauffement climatique et de la baisse des précipitations.

Ainsi, en 1900, le Glacier Noir rejoignait le Glacier Blanc au pré de madame Carle à 1900 m d'altitude.

Aujourd'hui, il faut monter à 2400 m pour atteindre le front du glacier, une langue plate et étroite.

 

Le Glacier Blanc en 1930 et en 2007.


Le Glacier Blanc vue du refuge éponyme en 1985.


Le Glacier Blanc vue du refuge éponyme en 2007.


Glacier Blanc pris du lac Tuckett.


Le même point de vue pris en 2007.

Plus l'on s'enfonce dans le glacier, plus les glaces sont anciennes. Les scientifiques effectuent donc des carottages et peuvent ainsi, en étudiant l'air encore contenu à l'intérieur, obtenir des renseignements sur le climat tel qu'il était, il y a très longtemps parfois.

La fonte du glacier forme un torrent appelé torrent émissaire, composé des eaux des torrents sous-glaciaires. L'eau a un aspect laiteux caractéristique car elle contient de la boue.

En surface, l'on peut observer de petits ruisseaux de fonte, ce sont les bédières. Ces dernières pénètrent souvent dans le glacier par un moulin, une sorte de puits. Il peut se former ainsi d'importants lacs sous-glaciaires qui peuvent devenir dangereux lorsqu'ils se rompent.

Pour notre sécurité, quand nous allons sur un glacier, il faut se munir de crampons, de piolets et d'une corde et éventuellement faire appel à un guide de haute montagne. Pour éviter de tomber profondément dans une crevasse, il faut marcher espacés et la corde tendue.


Partie supérieure du glacier, avec au fond la Barre des Écrins (4012 m).

ET À CEILLAC ? : Les glaciers ont façonné la vallée de Ceillac. Il reste quelques traces visibles de leur passage. Près de la gare de départ du télésiège, on peut observer un bourrelet de terrain boisé, arqué, surélevé de plus d'une dizaine de mètres par rapport au fond du vallon : c'est une moraine laissée par l'extrémité d'un petit glacier ("langue glaciaire"). Ce glacier descendait du massif de la Font Sancte, le long de la pente où se trouve maintenant la piste de ski sous le télésiège, et atteignait le fond du vallon du Mélézet lui même libéré des glaces. Les alentours du lac Sainte-Anne au pied des hautes falaises de la Font-Sancte, permettent de se faire une idée de ce qu'ont été les tous derniers épisodes du retrait des glaciers après la disparition de la langue glaciaire qui atteignait le pied du Mélézet.

Le lac Sainte-Anne, circulaire et profond, est un magnifique exemple de lac glaciaire : il est ceinturé en partie par de la moraine qui forme un barrage et retient les eaux.

Le tout dernier stade de retrait des glaces, peut être historique, est illustré par des bourrelets de moraines très fraîches (graviers et blocs encore sans aucune végétation) situées au pied même des parois rocheuses de la Font Sancte. Ces moraines, les plus fraîches de la région, sont ravivées par des avalanches qui dévalent les parois, glissant sur des névés qui persistent tardivement en saison : ainsi se forment des moraines de névés. En fait ces moraines élevées, sans végétation, sont pour la plupart des glaciers rocheux, c'est à dire de la glace "fossile" (relique des glaciers disparus) qui se déplace lentement vers le bas.

 

LE REFUGE DU GLACIER BLANC

Les refuges de haute montagne accueillent les alpinistes qui font des courses en montagne en leur offrant, un abri, le gîte et le couvert.

Celui du Glacier Blanc que nous avons visité est situé sur un éperon rocheux et se trouve, de ce fait, à l’abri des avalanches. Il a été construit en 1945 pour remplacer l’ancien et trop spartiate refuge Tuckett (1880-1945) situé en aval. Il dispose de 131 places et emploie jusqu’à 7 personnes en pleine saison, du 15 juillet au 15 août. Il est ouvert du mois de mai jusqu’à début septembre. Auparavant, le refuge n’ouvrait qu’au mois de juin mais avec les changements climatiques, les bonnes conditions de courses de neige sont avancées.

Un hélicoptère ravitaille le refuge toutes les 3 semaines environ. Il transporte essentiellement les provisions et le gaz. En retour, il évacue les bouteilles de gaz vides et les déchets qui n’ont pu être traités directement sur place par incinération, récupération ou tout autre moyen.

Pour l’alimentation en eau, il y a un captage situé 200 mètres au-dessus du refuge. Le débit est important et régulier ; ce n’est le cas de tous les refuges, pour beaucoup, c’est un problème crucial. Les tuyaux ont pu être enterrés, ainsi le problème de gel est rarissime, ce qui, là encore, n'est le cas de tous les refuges.

La construction d’une fosse septique étant impossible du fait du froid incompatible avec les bactéries, les eaux usées sont rejetées directement dans la nature, mais la pollution est limitée comme l’atteste une étude du Parc National des Ecrins. Seuls les produits ménagers occasionnent une pollution réelle mais les gardiens devraient bientôt utiliser des produits biodégradables.

Il n’y a pas de douche, sauf pour le personnel, en raison du manque place et du coût élevé (gaz). Par contre, les toilettes bénéficient de chasses d’eau.

Nicole Perron et Jean-Jacques Bonniot sont les gardiens du refuge depuis 2000. Ils sont pluriactifs et l’hiver travaillent tous deux comme moniteurs de ski à Monêtier les Bains. Le refuge ne leur appartient pas, c’est le CAF (Club Alpin Français) qui en est propriétaire et fait payer un loyer annuel de 12.000 €. Les gardiens touchent moins d’un euro sur les nuitées (21 €) et ne vivent que grâce à la restauration, petits déjeuners, repas, boissons, pâtisseries…, sachant que leur faut payer en plus l’hélicoptère à raison de 30 € la minute (4 minutes sont nécessaires pour effectuer une rotation avec une charge de 750 kg).

Une autre mission des gardiens est de surveiller, quand ils le peuvent, les cordées avec des jumelles pour s’assurer que tout se passe bien et, dans le cas contraire, prévenir les secours (PGHM) grâce à leur radio.

L’hiver, le refuge n’est pas gardé mais une partie reste ouverte : un dortoir, une salle hors sac.