Jeudi 31 mai, nous sommes allés à Arvieux pour comparer leur gestion de l'eau avec celle de Ceillac. Jean-Paul Blanc, accompagnateur en moyenne montagne, natif d'Arvieux et connaissant parfaitement sa vallée, nous a guidés et nous a fourni plein d'informations utiles.


Vue aérienne de la vallée d'Arvieux

La vallée d'Arvieux et assez ouverte et essentiellement calcaire. Elle compte 380 habitants, repartis dans 13 hameaux, dont beaucoup sont habités toute l'année. Le cours d'eau principal, la Rivière (appelé aussi torrent de l'Izoard), a de nombreux petits affluents. Si Arvieux vit essentiellement du tourisme d'été et d'hiver, avec un domaine de fond réputé et un domaine alpin, bien exposé, entre 1600 et 2100 m d'altitude, l'activité agricole, bien qu'en régression, est encore bien présente avec l'élevage ovin et bovin.


Arvieux-ville, "bourg" de la vallée.

 

Pour alimenter les différents hameaux, 6 réseaux ont été construits entre 1932 et 1952.

Tous ont été rénovés à partir de 1985 afin de répondre aux besoins grandissants, liées à la fréquentation touristique.

Les 2 réseaux principaux sont celui qui dessert La Chalp et Bruinissard, avec un réservoir de 500 m3, et celui qui dessert Arvieux, le Coin, La Cassière et Les Moulins, avec également un réservoir de 500 m3.


Un des 2 réservoirs de 500 m3.

Un collecteur principal récupère les eaux usées de la vallée, les eaux pluviales étant rejetées directement dans le torrent. Ce collecteur amène les eaux usées vers une station d'épuration, de 1ère génération, construite en 1980 (la première du Queyras). Le traitement consiste en un dégrillage pour enlever les plus gros matériaux, puis en un dégraissage et enfin en une floculation pour agglomérer les matières en suspension avec de la chaux, du chlorate de fer et un polymère. Une fois séchés, les déchets sont étalés sur les pistes de ski. Cette station, déjà ancienne et aux performances limitées, sera prochainement remplacée par une autre beaucoup plus moderne, située en aval, qui traitera également les eaux usées d'Aiguilles, de Ville-Vieille et de Château-Queyras.


Pra Premier, petit plateau au fond duquel se trouve la réserve collinaire.

Au fond de la vallée, une réserve collinaire de 6000 m3 a été construite en 1999, à 2050m d'altitude, à Pra Premier.

Elle est utilisée pour la neige de culture (7 perches et 4 canons) et pour l'arrosage par aspersion des champs.

En cela, elle complète bien les canaux d'irrigation existants qui puisent leur eau dans le vallon de Combe Bonne : canal de Rune, canal de Gaillard et canal de l'Auche.


Domaine de ski d'Arvieux, situé entre 1600 m et 2100 m d'altitude et exposé au nord ouest.

Autrefois, les Arvidans utilisaient la force mécanique de l'eau pour les moulins. Il y en avait 7 à Arvieux. L'eau du torrent était déviée pour faire tourner des roues à godets (en bois ou en métal) reliées à des meules qui écrasaient le grain. Ils obtenaient ainsi la farine qui servait essentiellement à faire le pain.


La machinerie du moulin dans son ensemble avec le détail des meules.


Roue à godets entraînée par l'eau et reliée à une meule.


L'eau permettait ici de faire tourner 4 meules.

Comme beaucoup de villages de montagne, la vallée d'Arvieux vit avec des risques liés à l'eau : inondations, coulées de boue, glissements de terrain, crues torrentielles, éboulements, avalanches, effondrements…et ce, malgré la construction d'ouvrages de protection, digues notamment.


Macéo du haut de la digue constate la sécheresse du cours d'eau.


Le bois-eau évite le ravinement des chemins.

La gestion de l'eau sur Arvieux est finalement assez comparable à celle de Ceillac, hormis la double utilisation de la réserve collinaire et la multiplicité des réseaux d'adduction...