LE MANTEAU NEIGEUX

A la fin de l'hiver, nous sommes montés en raquettes à la bergerie des Preynasses située à 2100 m d’altitude avec Christian et Eric, tous deux moniteurs de ski. Là-haut, Manu, François et Gilles, pisteurs secouristes, nous ont rejoints.

Nous avons commencé par creuser des trous jusqu’au sol, un à l’ombre, un au soleil. Le travail terminé, nous avons mesuré la hauteur de neige : 1,10 m pour les 2 trous, avec 10 cm de neige fraîche tombée l’avant-veille, 10 cm de neige croûtée formée lors de la deuxième semaine de mars, très chaude, et 90 cm de strates correspondants aux précédentes chutes de neige de l’hiver. L’examen de ce manteau permet d’avoir un historique des précipitations et de la température de l’hiver.


Charlotte creuse le trou avec rapidité et efficacité...


Manu nous propose d'observer la neige de près avec une loupe.

Avec une loupe, nous avons observé la neige de près. Elle était constituée de grains de glace transparents et était très différente de la neige fraîche car les flocons avaient perdu leurs dendrites (branches de glace) à cause du vent, du poids et des variations de température importantes. Il s’agissait donc de neige transformée, sans trop de cohésion. Quand la neige tombe, un noyau de glace se forme autour d’une poussière et ensuite les dendrites se forment. Pour ce qui concerne la couche croûtée, la chaleur du jour a fait fondre les grains de glace qui se sont soudés entre eux durant le regel nocturne.

Le manteau de cet hiver 2007 apparaît bien plus stable que celui de l'hiver dernier qui comportait une première couche de 50 cm de gobelets (une neige sans cohésion aucune ressemblant à du gros sel).


Plaquette de référence pour déterminer les différents types de neige.

Ensuite, Mathéo a mesuré la température en surface et a trouvé -4.9 °c. A son tour, Manon est descendue dans le trou et a mesuré la température à différentes profondeurs. Les températures relevées (-4.5°c à 30 cm, -2.9°c à 60 cm et -1.9°c à 80 cm) prouvent que la neige, qui emprisonne beaucoup d’air, est isolante. C’est une propriété bien utile aux animaux, ceux qui hibernent comme la marmotte ou tout simplement ceux qui veulent se protéger du froid, comme le lagopède ou le tétras-lyre. De même, si l’on est perdu en pleine montagne durant l’hiver, on peut creuser un trou dans la neige pour se protéger du froid.

 

Ensuite, les pisteurs nous ont expliqué que le manteau n’était pas toujours très stable et donc parfois dangereux avec des risques d’avalanches. Il en existe 3 sortes :

- avalanche de poudreuse qui survient à la suite de fortes chutes de neige. La vitesse de la neige est très rapide, 200 à plus de 300 km/h. Le souffle engendré est dévastateur, de même que la dépression qui suit l'avalanche.

- avalanche de fonte qui se produit plutôt au printemps
(souvent en fin de matinée). Si la coulée est lente en général, les masses de neige en cause sont souvent très importantes (forte densité de la neige).

- avalanche de type plaque à vent, due à un cumul de neige soufflée. C'est une avalanche piège, difficile à prévoir.
(voir vidéo d'un skieur surpris par une plaque à vent).

Lorsqu'on part en ski de randonnée ou en raquettes, après s’être assuré auprès des professionnels que les risques étaient le plus faibles possible, il ne faut jamais être seul, il faut se lever tôt et se munir d'ARVA, de pelles et de sondes qui serviront en cas d’avalanche. En cas de doute, il faut savoir renoncer à la sortie.

(voir compil videos avalanches)


La vitesse de cette avalanche a été mesurée à 400km/h.

Avalanches de poudreuse

 

Avalanche de type plaque à vent, photo et schéma explicatif

 

Avalanches de fonte

 

Le 31 mai 1970, suite à un séisme d'intensité 7.75, un colossale plaque de roche et de glace, pesant plusieurs millions de tonnes, se détacha du pic nord du mont Huascaran (Pérou). De son point à 6768 m d'altitude, elle dévala une paroi à pic de 1000 m de hauteur, se brisa sur la flanc de la montagne et s'engouffra dans la vallée à 480 km à l'heure !

Des blocs de glace gros comme des maisons se bousculaient dans la vallée et ont rasé sur leur passage la ville de Yungay et 11 villages. Le souffle qui précède l'avalanche détruit tout. La glace et la neige broient et étouffent. Bilan: 18 000 morts !!! En quelques minutes.

 

Grosse avalanche dans le Queyras.

Pour libérer le passage, les hommes sont contraints de creuser un tunnel dans une mélange de neige, de terre et de débris divers...

 

Au printemps, la neige fond et ruisselle, dans un premier temps car le sol est encore gelé, puis l'eau s'infiltre. Elle mettra 6 mois pour rejoindre la vallée. Le manteau hivernal constitue donc notre réserve d'eau estivale.

Ces dernières années, le manteau neigeux est moins épais, il neige moins à cause du réchauffement climatique.


Si les hauteurs de chutes sont irrégulières, la courbe de tendance (en orange) montre quand même que la baisse est nette.